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« L'homme de la frontière »

de Martine Marie Muller

Ed. Robert Laffont 18 €


Murs, murs...



A l'heure où l'Europe tente de se dessiner un avenir radieux, le mur de Berlin excite l'imagination des créateurs de l'Ouest. Après Jacques-Pierre Amette et Brecht, c'est Martine Marie Muller, une autre prof, qui se penche sur l'inimaginable . Comment se réveiller un matin le coeur et la vie tranchés par un laid mur érigé dans la nuit, comment continuer à vivre dans l'ignorance du devenir de son amour ?Et surtout,à quelles bassesses un homme habitué à l'ombre peut-il se livrer pour ramener son amour à la lumière ?

Avec un style pur et efficace , l'auteur effeuille les strates déposées sur son héros, Frantz Liebemann, passé un matin à l'Ouest comme par inadvertance, un sac de patates de marché noir à la main. Elle nous le révèle à l'inverse, de la lumière de l'Ouest vers la nuit de l'Est. Son soleil à lui, c'est Ellenore, que le mur a gardée prisonnière, et il tient en son âme assez du feu de l'enfer pour l'en délivrer. Etrange idée que d'associer la perversion à la liberté...Le message est sans doute que de la perversion officielle jamais on ne se libère, comme de l'amour. Bye bye, Lénine ! On peut profiter du chômage pour flâner Porte de Brandebourg et la Tour de la Télévision diffuse des rêves d'Europe « de l'Atlantique à l'Oural » Plus d'Est, plus d'Ouest, un grand marché ...

Pendant ce temps, en Israël, on n'a pas retenu la leçon. Des bulldozers partagent les maisons et les oliveraies sous les cris des familles déchirées.

Le mur est aveu d'impuissance , source de désespoir, générateur de perversion et voué à la démolition. Le mur est sécrétion de la peur d'autrui.

C'est pourquoi il a de beaux jours devant lui.


Annie DAVID



REPRODUCTION INTERDITE

ARTICLE PARU DANS LA CHARENTE LIBRE DU 7 MAI 2005