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« Pierre Loti, le Pèlerin de la Planète » d'Alain Quella-Villéger Editions Aubéron 30 € |
Il aura fait rêver la France, Pierre Loti le marin-écrivain...En son époque coloniale, il fallait des témoins de la découverte des autres civilisations, que soient exploitées cette avidité d'exotisme , cette sensualité supposée, ces mystères.Il a bien fallu que les moustachus du début du vingtième siècle aillent se perdre dans les vapeurs d'orient et que la beauté des femmes sous le voile leur fasse perdre la tête autant que l'or des palais lointains. Loti a été tellement populaire de son vivant, entretenant avec soin le folklore jusque dans sa maison , la transformant en palais/musée/mosquée, organisant des bals masqués où il apparaissait en prince arabe ou en pharaon... C'est justement là que le bât blesse. Dans l'admiration condescendante. Colonialisme. Je pense, en lisant le pavé de 500 pages d'Alain Quella-Villéger, à Bernard Fauconnier, fils d'Henri Fauconnier, Goncourt 1930 pour « Malaisie », et à cette fascination -répulsion qu'exercent pour les hommes d'aujourd'hui les récits de ces mâles dominants blancs partis prêcher dans le sang la bonne parole avec la bénédiction de l'Eglise. Missionnaires . Séduits. Séducteurs. Admiratifs, Dominants. Terribles. Nos ancêtres imbus de leurs origines. Je pense aussi aux magnifiques paroles des indiens d'Amérique du Nord sur leur civilisation de 50 000 ans, et au peu de cas qui en sera fait par les tenants du progrès. Alors, faut-il brûler Loti ? La première manière d'y répondre personnellement sera de lire ce travail fort bien écrit, de longue haleine et de grande passion que nous propose Alain Quella – Villéger. Loti, c'est sa vie. Mais l'écriture pourrait l'être aussi. Point de pédantisme, une adresse et une intelligence propres à nous ramener à la lecture de « Pêcheurs d'Islande » ou de « Ramuntcho ».
Annie DAVID
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ARTICLE PARU DANS LA CHARENTE LIBRE DU VENDREDI 11 MARS 2005 |