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« Les Creux-de-Maisons » d'Ernest Pérochon

réédition editions Plon 16,90 €


Prenez vos porte-plumes.




Sortez votre cahier du jour, nous allons procéder à la dictée. Philippe, change de place, je vois bien ton manège. Prêts ? On y va. Le titre : « La crève », entre parenthèses « Les Creux-de-Maisons » de Ernest Pérochon. Prix Goncourt 1920 pour « Nène »...

« Quatre énormes bouses symétriques, nettes, sans bavures... »

Enorme éclat de rire dans notre classe virtuelle. Pourtant, il s'agit là d'un auteur fort prisé de nos maîtres de classes uniques dans les années 55/60 encore, il m'en souvient. L'encre violette réapparaît sur mes doigts, l'odeur de la cire, les galoches, les sarraus noir et le cheval percheron de grand-père...Le soleil à travers un sac de jute sur la route des champs, dans la carriole bringuebalante m'éblouit encore. Et Ernest Pérochon me ramène avec les vrais mots d'époque dans cette douceur de vivre.

Les aspects politico-religieux du début du siècle ne sont pas à regretter, surtout pour les femmes , mais l'amour de la terre, lui, doit absolument perdurer. Il faut relire cet ouvrage délicieusement kitch pour comprendre sur quelle pente le mythe du bonheur moderne nous entraîne. Le bonheur, ce n'est pas de regarder « La Ferme Célébrités », pas d'arracher la vigne, pas de jeter les tomates. Pas de s'endetter à vie. Pour mon grand-père, c'était de chanter dans ses champs.

Un peu de nostalgie ne nuit pas au progrès. Fermez vos cahiers, je ramasse.



Annie DAVID




Reproduction interdite

Article paru dans la Charente Libre du 19 août 2004