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                                                  Besson

E  PERICOLOSO SPORGERSI…


Au bal d'Eros et Thanatos, la vérité s'en va danser. La vérité de la mort, le mort s'en charge. Celle de l'amour est plus difficile à établir.

Luca est un petit peu mort. Au cimetière de Florence, sous une tonne de granit, il commente cette histoire à dormir debout sur un pont de l'Arno.

Au premier temps de la valse, y'a Luca, y'a l'amour et Anna. Au deuxième temps de la valse, y'a Leo, y'a l'amour et les flics. Chacun vient face à vous, dire ce que çà fait d'être Luca, d'avoir perdu Luca, de chercher à comprendre Luca… L'Italie est juste vaguement évoquée, c'est la profondeur des âmes qu'épluche Philippe BESSON. Excellent pour se mithridatiser, pas franchement idéal pour retrouver le moral, ce livre a le mérite de se lire d'un trait comme una grappa. Au risque de ne pas le digérer. J'ai aimé « Un garçon d'Italie ». 

Leo n'est pas très napolitain, certes, mais l'histoire pourrait se passer à Paris . Les amants longeraient  le canal en direction de l'Hôtel du Nord…

Quitte à danser sur un volcan, autant que la mort, il faut penser à louer le soleil . C'est çà , le paradoxe Napolitain, et l'Italie, c'est autre chose qu'une vague toile de fond : ce pays est un personnage à part entière. Mais bon, va bene cosi, ce livre va sans doute , lui aussi, être primé quelque part.


Annie DAVID


UN GARCON D'Italie

De Philippe BESSON  Ed. JULLIARD  18 euros






La saison de BESSON



Cher Philippe BESSON,


                                      Votre livre, il faut l'aimer. Pour le style, le talent, l'idée. Pour ce mouvement étrange qui vous fit entrer dans un tableau de HOPPER pour en ressortir cent quatre - vingt onze pages plus loin indemne, je l'espère.

Décrire est un art, cela nécessite une imagination sans faille . Vous décrivez l'invisible, l'indicible caché dans les interstices, l'avant et l'après, le possible. Bravo !

Hélas, je n'ai pas pu suivre très loin avec vous la balade à Cape Cod. L'Amérique, j'en suis revenue, à la nage, et vous savez, c'est loin. J'ai besoin de livres clairs et vivants comme l'eau de source quand le soleil joue avec sur les cailloux.

« -J'ai peur qu'il y ait un reproche dans cette affirmation…

- Tu te trompes, je faisais une formule, c'est tout. Comme au théâtre, j'ai le goût des répliques. »

                                     Cher Philippe, je finirai un jour la lecture de l'ARRIERE - SAISON. J'aurai une robe rouge, je serai revenue de tout, et chez Phillies le temps suspendra son vol.


Annie DAVID


L'ARRIERE SAISON de Philippe BESSON

                                Bouillier


« Sois sage,  Ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille »…

Si vous cherchez un bouquin d'été à siroter au bord de l'eau, évitez ce livre. Si vous êtes curieux de savoir ce que la douleur morale extrême provoque chez les autres, et comment on s'auto - guérit du pire, n'hésitez pas. Dans ce livre, le profondément humain voisine avec le sordide et le carrément improbable.

On a tout dit  de cet OVNI de 160 petites pages : que c'était un journal intime brut de décoffrage, une auto - psychanalyse à peu de frais, un produit fabriqué par la faune germanopratine pour faire débuter un  protégé…Oui, mais voilà : c'est un coup de poing dans le plexus, un coup de pied au fond de la piscine, un coup de folie. Un coup d'édition ? Voire.

Dans sa quête, Grégoire BOUILLIER semble simultanément en faire trop, ou être normalement fou, ou terriblement lucide. Il est du pays des signes, celui que l'on s'invente Petit Poucet . Anti-héros, il a recours, entre autres, à  la lecture initiatique d'Homère pour se reconstruire, ce qui n'est pas improbable pour une âme sensible.

J'ai eu, moi aussi, besoin d'Ulysse, mais c'était « La Petite Chaise Bleue », qui en emprunte la trame, que j'avais sous la main. Un mot, un signe, et l'univers n'est pas vide. Il y a une valeur à chaque épreuve, c'est notre capacité à espérer qui naît.

. Il nous prend par le cœur, nous jette par l'horreur, nous brinquebale d'un côté à l'autre de ce cerveau qui doit impérativement guérir…

« L'entreprise qui consistait à tordre mon être venait d'échouer. Je n'étais pas encore mort. »

Mieux que çà, il écrit encore. Dis, Grégoire, « C'est quoi, cette pelle à pain sur ton épaule ? »


  Annie DAVID                                          RAPPORT SUR MOI

                                                               De Grégoire BOUILLIER - ED. ALLIA  6,10 euros