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« L'oeuvre vive »

de Jean-Guy Soumy

Ed. Robert Laffont 20 €


Retour à la Terre


C'est au moment où elle est menacée de toutes parts que Jean-Guy Soumy sort enfin la Terre du carcan du roman paysan pour la rêver autrement . Gaïa, plus l'amour de l'art et l'art de l'amour. Je ne connaissais pas cet auteur, j'ai la chance de le découvrir à travers « L'oeuvre vive » un roman singulier qui sort le lundi 13 mars.

On devine l'achèvement d'un travail de l'auteur sur lui-même qui lui a peut-être coûté, la peur, sans doute, de devoir se justifier de toutes parts... Côté racines, parce que ce roman parle de femmes libres, d'une fermière qui oublie presque ses vaches et le mari qu'elle aime pour se retrouver dans la fascination du Land Art ... Côté feuillage, pour l'inestimable valeur de l'éphémère. Côté vent pour la grande solitude des hommes, du fermier frustre et superstitieux à l'artiste pris dans les affres de son Grand Oeuvre... C'est de l'alchimie de la création qu'il est question ici. A quoi ça sert ? Comment ça marche ? Où cela mène ? Pour trouver la réponse à leurs questions sur Ben Forrester, nouveau propriétaire du château de Provenchère et l'oeuvre qu'il poursuit, les villageois devront en passer par l'épreuve. Les épreuves. Suivre un chemin initiatique de la poésie, de la sensibilité, de l'émotion cachée comme l'or dans le minerai brut. Comme Benjamin Laforêt dans Ben Forrester.

Les réflexions de l'artiste sur la conception et l'enfantement de l'oeuvre, sur la beauté de l'éphémère, l'infime, la gratuité du geste, la trace de l'homme sont disséminées dans le roman comme l'oeuvre de Ben Forrester autour de Provenchère. On devine qu'elles sont aussi celles de Jean-Guy Soumy sur son écriture, et qu'elles l'ont mené à oser être lui-même ici et maintenant. Tandis que tombent les oiseaux, les hommes rêvent à la belle étoile. Suivons les traces de l'alchimiste, ou perdons-nous.


Annie DAVID




REPRODUCTION INTERDITE

ARTICLE PARU DANS LA CHARENTE LIBRE DU SAMEDI 12 MARS 2006