« Mémoire
de mes putains tristes » de Gabriel Garcia Marquez
Ed.
Grasset 14 €
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Chronique
d'un amour imprévu...
Gabriel
Garcia Marquez, Prix Nobel de Littérature 1982, auteur de
« Cent ans de solitude » a
soixante-dix-sept ans. On sait combien son âme est
traversée de visions du destin, et combien il aimerait
accorder ses désirs avec ceux du grand horloger : ne pas
être pris au dépourvu par la mort, surtout : c'était
écrit. Terminer en beauté. Il faut dire que le
grand auteur Colombien a été bien malade.
Vous
connaissez la vie : parfois, on croit que tout est fini, on se
barricade dans une attitude de repli et de refus, ou on brûle
la chandelle par les deux bouts, pour que la faucheuse nous
surprenne fidèle à nos postures favorites. Beaucoup
de mes vieux amis rêvent de mourir « en
épectase », c'est un peu ce qui agite le héros
de « Mémoire de mes p... tristes ».
C'est un chroniqueur musical de quatre-vingt dix ans qui a
toujours préféré les belles de son amie
tôlière Rosa Cabarcas à un mariage bourgeois
et la famille qui va avec. Il se croit amputé du
sentiment. On lui offre un chat, il ne sait pas s'en occuper.
Mais voilà : il veut terminer sa carrière de macho
par une jeune vierge. Et celle que lui présente Rosa est
une belle endormie. Et faute de prouver sa virilité à
la chrysalide, il va la couver, la regarder frémir, lui
faire partager ses joies musicales et sa culture, et découvrir
sa tendresse à lui, et voir monter pour la jeune dormeuse
un amour dont il n'avait pas idée.
La
belle Delgadina ne s'éveille que pour disparaître,
et la douleur de l'amour tord les vieux corps et coeur ridés
de ce vieux chroniqueur et en fait un spécialiste de
l'amour. Jamais il n'a été plus moderne, plus
vivant que depuis que Delgadina lui manque...Il voulait mourir,
ce n'est pas pour demain.Il n'a pas encore vécu le bonheur
d'aimer...
Adorable
preuve de vie que nous envoie « GGM »!
Annie
DAVID
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